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Meilleur que l'expo du Mahj,
l'exposition de la Cinémathèque (ainsi que son catalogue) tiennent ses promesses, malgré quelques soucis et de nombreux oublis sur l'œuvre audiovisuelle de Goscinny.
Au début, nous découvrons des
extraits de films (tirés de westerns, Buster Keaton, Laurel & Hardy) que Goscinny enfant allait voir au cinéma à Buenos Aires. A coté, est exposé des
portraits-caricatures que Goscinny réalisait sur les acteurs célèbres de son temps.
Nous devons admettre qu'il y a eu un véritable et
excellent travail de cinéphilie, ayant listé
l'ensemble des références cinématographiques qui ont inspiré Goscinny avec ses dessinateurs: Morris et Uderzo pour Lucky Luke et Astérix.
De même pour
l'hommage aux comédies musicales dans « La Ballade », très bien rendu de par l'ensemble des films y faisant référence.
Belle rétrospective des
Studios Idefix, on peut voir le court-métrage Idéfix, véritable inédit jamais rediffusé. De
magnifique aquarelles utilisées pour les dessins animées.
Une très bonne iconographie et mise en scène. Les
planches de Lucky Luke par Morris sont absolument magnifiques (Diligence, Canyon Apache, Paradise Gulch, Chasseur de Primes, Cavalier Blanc) visible au public que très rarement ; ainsi que ses
nombreux story-board crayonné de Morris pour « la Ballade ».
Les Minichroniques et le Viager sont évoqué dans dans le couloir de fin, avec quelques documents de tournage pour ce dernier.
Ils ont fait grâce de ne pas évoquer les adaptations post-Goscinny, ouf !
Nous trouverons aussi, à la fin, des
planches originales de Gotlib "Les Dingodossiers" ayant trait au cinéma/télévision. Ainsi sur scénario de Goscinny, les planches avec
North de la série "Pas trop près de l'écran, Mademoiselle", d'autres avec
Mulatier, Alexis, Giraud. Ces derniers sont repris dans le catalogue.
Le César posthume de 1978 est exposé en vitrine aussi (
qui est poussiéreux d'ailleurs ).
Belle exposition mais qui a néanmoins un gros souci, on a
oublié des pans entiers de l'œuvre audiovisuelle...
''Ils ne pouvaient pas tout faire'' : Vrai ! Sauf qu'on remarquera en particulier qu'il est assez
douteux que le Petit Nicolas dispose de deux salles entières (une classe d'école et une récrée) pour finalement y exposer seulement quelques magnifiques petits dessins de Sempé et une adaptation de 1965 non réalisé par Goscinny.
Alors en comparaison audiovisuelle,
''les Minichroniques'' (œuvre télévisuelle par excellence de 26 épisodes) sont relégué dans un coin sombre de couloir vers la fin de l'expo,
n'y exposant aucun document ; un choix étrangement compréhensible.
J'aurais préféré en savoir plus sur cette série télévisé des années 70 : lire des tapuscrits de Goscinny, des infos sur la production en général, sur les réalisateurs... Cette série vite expédié, aurait mérité qu'on s'y attarde davantage par la place pris par le Petit Nicolas qui n'a jamais disposé d'œuvre télévisuelle réalisé ou écrit par Goscinny (Seulement des adaptations douteuses).
On
regrettera de ne pas avoir plus d'infos sur l'œuvre cinéma et télévisé méconnue. Cela aurait été une bonne chose de disposer d'un approfondissement sur «
Feu Lord Glendale » (une page dans le catalogue) ; sur les co-créations avec Tchernia :
Où sont les « Aujourd'hui à Paris » ou « L'arroseur Arossé » ?
On
ne parle pas du « Tracassin » avec Bourvil (une page dans le catalogue): quelles sont les gags de Goscinny dans le film ?
Rien sur « Les Gaspards » dont on sait que Goscinny a eu une implication moindre que sur « Le Viager » dont on aurait aimé en savoir davantage..
Iznogoud est inexistant dans l'expo alors qu'il existe deux scénarios d'un même film écrit par Goscinny sur le personnage, c'était pourtant une occasion idéale.
Les textes de Pariscope, repris dans son livre
« Les Interludes »ne sont jamais mentionnés alors que cela concerne Goscinny et ses satires sur la télévision.
Rien sur son scénario inédit de film sur les croisières
« L'escale ». Et donc rien sur le contenu des mystérieux scénarios de dessin animées (?) Lucky luke (?) « Killer Kid » et « L'évadé ».
Rien sur le scénario « Le Maitre du monde » envoyé à Peter Sellers sans réponse de sa part, puis plagié dans le film « Quand la Panthère rose s'emmelle ».
« Trafalgar » n'existe pas non plus.
Que tout ne peut être pas évoqué, c'est tout à fait normal. Mais j'aurais
espérer qu'au moins une partie de ces 'espaces' quasi-mystérieux de son œuvre soit abordé un peu plus en détail. C'est donc
assez dommage, surtout que l'ensemble a une
cohérence sur la thématique du cinéma.Une exposition plutôt réussie, mais partielle de par ses oublis et choix douteux (Petit Nicolas).
***
Le
catalogue (en comparaison à celui ratée du Mahj) est une
bonne surprise ! C'est véritablement un
très bon complément à l'exposition (qui reste chère),
d'excellente qualité des recherches effectuées, reprenant de nombreux documents exposés.
Face aux oublis de l'exposition, on aurait pu
espérer que soit développé les œuvres de Goscinny resté dans l'ombre (Iznogoud, Feu Lord Glendale, l'Escale...) et certaines interrogations sur son implication réelle dans beaucoup de ses films (les Tintin, les Gaspard, le Tracassin...)... A ce niveau, on a quelques miettes mais cela reste trop maigre et reste une
opportunité ratée sur une telle thématique !
Mais sur le reste, c'est du très bon: ''
Lucky Luke et le cinéma'' est analysé très intelligemment par exemple (l'influence de John Ford mais pas seulement). J'ai pas mal appris, et cela donne envie de se plonger dans les
nombreux films référencés que je ne connais pas car n'étant plus de notre culture actuelle ; je pense que peu de personnes aujourd'hui regardent les vieux westerns des années 40-50 à part les cinéphiles et passionnés.
Contient de nombreuses
photos, dessins et tapuscripts de Goscinny jamais exposé (Deux romains en Gaule, Viager, Ballade...).
Belle ouvrage de rétrospective sur son œuvre audiovisuel (malgré les oublis), référencé par de nombreux films. On apprendra beaucoup. Cependant, on trouvera dans les entretiens des intervenants
quelques affirmations soient douteuses soient très exagérés (entre autre sur les intentions qu'on donne à Goscinny).
Et comment est calculé le nombre de "120 films que Goscinny a participé en comptant les adaptations posthumes" ? Même sans les adaptations post-Goscinny, ça reste toujours élevé, que comptent-ils ? Mystère !
On évoquera sa
coopération avec Tchernia, beaucoup sur ''Le Viager'' évidemment. Toute l'historique des turpitudes de Goscinny avec
Belvision qui l'amènera à la création du Studio Idefix, bien décrit dans son fonctionnement, ses intentions et sa direction.
Les adaptations post-Goscinny sont vite évoqués à la fin, on essayera surtout de ne pas essayer de comprendre pourquoi elles sont toutes mauvaises, l'Astérix de Chabat sert d'excuse pour ne pas pousser plus loin l'analyse.
A noter à la fin, on aura la bonne idée d'avoir repris des histoires Pilote jamais réédité auparavant, mentionné plus haut (North, Alexis, Mulatier et Giraud).